13. La vie en ROSES !
À l’aurore du printemps pousse avec discrétion une variété florale bien élégante dans nos jardins. Née d’une longue tige émergeant du sol, elle se cristallise en un bouton d’où ses feuilles puis ses pétales se forment et s’épanouissent, épousant telle courbure, telle sinuosité et optant pour telle teinte et tel arôme. Roses, blanches, rouge, jaune, voici la si splendide rose dans tout l’éclat de sa présence entre la terre et le ciel. Se nourrissant de la substance de la terre, mais aussi du vent, de la rosée et des rayons du soleil, la forme de ses pétales à la fois tournés vers l’intérieur et l’extérieur fait de la rose un geste d’offrande destinée à être accueillie et non cueillie !
Sans tomber dans un discours « à l’eau de rose », la reine des fleurs est aimée depuis toujours, en dépit de la sauvagerie de ses épines ! Sa grâce, son parfum et ses symboles d’amour et de beauté inspirent les artistes persans, ottomans et occidentaux qui se l’approprient et la réinterprètent pour la célébrer et refléter l’air du temps : écoutée chantée, peinte, sculptée, cultivée, coupée ou distillée, la rose nourrit l’imaginaire et la créativité des cinq sens.
Originaire d’Orient, elle porte en elle son histoire majestueuse qui traverse le temps et les frontières. La mythologie grecque attribue la naissance de la rose à Chloris, déesse des fleurs, qui la fit jaillir du corps sans vie d’une nymphe. Demandant de l’aide, des dieux se penchèrent sur cette fleur. Aphrodite, la déesse de l’amour lui donna la beauté. Dionysos, dieu du vin y déposa du nectar d’où la rose tire son parfum. Les trois Grâces lui ajoutèrent le charme, l’éclat et la joie. Apollon la couronna Reine des Fleurs.
Immédiatement associée à la beauté éternelle, elle s’introduit dans les rituels de soins avec la célèbre eau de rose connue depuis le Moyen Âge pour illuminer le teint, puis dans les préparations culinaires, cosmétiques et médicinales, avant de s’imposer dans la parfumerie.
Son odeur enivrante provoque en effet un ravissement indicible. Dans le centre de la rose éternelle s’étale, s’étage et se diffuse son parfum de louange au soleil, comme un chant durable. Il subsiste dans la mémoire quelque chose d’aérien. Bien que fugitive effluve, elle est l’incarnation de l’éternité. Les artistes-parfumeurs s’évertuent à sublimer sa fragrance parmi les milliers de variétés de roses qui s’assemblent et se composent à travers le monde, comme la rose de Damas, la rose Centifiolia…
Fleur anthropomorphisée, Antoine de Saint Exupéry en fera la reine des coquettes, séductrice, un peu vaniteuse mais tellement attachante : « La rose n’en finissait pas de se préparer à être belle… elle choisissait avec soin ses couleurs, s’habillait lentement, ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir fripée comme les coquelicots. Et ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté ».
Décidément, cette fleur incomparable n’a pas fini de nous émerveiller : « Mon amie la rose me l’a dit ce matin !» (Françoise Hardy)