14. LE PAPIER PEINT DÉCORATIF JOUE LES TROMPE L’OEIL !
La maison est le nouveau centre de gravité ! Refuge, bulle, sweet home… la sémantique foisonne en qualificatifs. Et pour répondre à nos envies d’y vivre des parenthèses harmonieuses, le papier peint affranchi de son caractère « kitsch », nous accompagne désormais et recompose l’architecture de nos intérieurs.
Et là tout est possible aujourd’hui pour habiller et décorer notre espace intime. C’est la caverne d’Ali-Baba ! Profusion de couleurs, des motifs éclectiques imaginés par les designers pour réfléchir les goûts et les tendances…
Mais l’ornementation de nos murs ne souligne t’elle pas notre attitude paradoxale ? Le besoin de recréer notre cocon protecteur loin des frayeurs du monde mais aussi l’aspiration à vivre l’illusion d’un ailleurs ? Les éditeurs s’en délectent aujourd’hui avec une créativité inspirante: ils prolongent la tradition des grandes tentures panoramiques du XVIIIè siècle avec des escapades exotiques mais leur imagination fertile les pousse aussi à dessiner des décors intimes dans le sillage des romantiques du XIXè siècle.
Quelle que soit notre inclination, les parures murales exercent un pouvoir décisif sur notre imagination. Qui ne se souvient pas de celui de sa chambre d’enfant ? En observant ces décors, chacun s’est certainement laissé guider par sa propre perception : y bourgeonnent des sourires, des silhouettes fantastiques nous interpellent, des personnages s’animent et nous chuchotent avec malice de bien curieuses histoires : des récits animaliers au coeur de la jungle, des contes orientaux rappelant les mille et une nuits, des allégories bucoliques déployant des champs tapissées de fleurs, des légendes historiques avec toute sorte de créatures hypnotisantes au coeur de monuments antiques, des aventures aux quatres coins du globe …
Les dessins figuratifs, abstraits, mais aussi les effets de matières ou les couleurs surprenantes dépeignent leur puissance évocatrice et stimulent toute sorte d’associations de pensée. Nous sommes comme sous l’emprise d’un véritable jeu d’illusion et de cache-cache esthétique.
Aurions-nous en effet besoin de cette contemplation visuelle pour inventer d’autres mondes ? Notre espace cloisonné s’écroule et nous invite tel le passe-muraille de Marcel Aymé, à traverser les murs et à s’échapper vers des destinations inaccessibles. C’est en effet tout l’art du trompe-l’œil !
Le trompe-l’œil, où l’oeil se trompe puis se détrompe avant de se fondre dans l’univers esquissé pour y vivre des histoires envoutantes. Bien plus qu’une simple expérience optique et technique, il propose au spectateur une aventure sensible : il vient subtilement décorer nos pensées, tapisser nos rêves ici et là-bas et esquisser notre havre de paix.
Finalement, les papiers peints sont porteurs d’une histoire sensorielle poétique : ils construisent une autre réalité, anoblissent ou déguisent avec magie nos intérieurs baroques et expressifs pour affirmer notre personnalité… avec la fierté d’être un nouvel artiste en herbe !