
AVEC LA NAISSANCE DES GRANDS MAGASINS, ACHETER EST UNE FÊTE
« Palais», « Cathédrales du commerce», «nouveaux temples» , le vocabulaire architectural égrène les nouveaux lieux de divertissement, de séduction et de consommation que sont les grands magasins nés au XIXè siècles, flirtant avec les flagships, la scénographie, le merchandising et la viralité d’aujourd’hui. De quoi inspirer…
Car les propriétaires du Au Bon Marché (1852), Les Grand Magasins du Louvre (1855), Au Printemps (1866), La Samaritaine (1869), Les Galeries Lafayette (1895 ), favorisés par les nouvelles percées Haussmaniennes dans Paris, n’hésitent pas à choisir un lieu stratégique, visible et impressionnant, tout comme à concevoir un intérieur spectaculaire avec ses coupoles néo-byzantines, ses verrières chatoyantes, ses entrées monumentales, ses verrières, ses lustres grandioses, ses escaliers immenses…
La bourgeoisie montante vient s’y distraire et se montrer dans les coursives semblables aux balcons et loges d’un théâtre ou d’une salle d’opéra. Un vrai décor de fête !
Mais ces femmes viennent aussi et surtout pour y admirer les étalages d’une offre pléthorique admirablement mise en scène sous le feux des lumières étincelantes : robes, tissus, gants, argenterie, porcelaine, bicyclettes, mobilier… Regarder, toucher, essayer, converser, comparer, mais aussi s’admirer devant les miroirs omniprésents jusqu’à l’enivrement sont les rituels d’un nouvel art de vivre pour nos comédiennes de théâtre en herbe ! L’acte I ne s’arrête pas là.
L’acte II les imagine à la maison agitées, surexcitées, tentées. Elles continuent en effet d’être séduites toute l’année grâce à l’invention du blanc, des soldes, de la vente par correspondance, des livraisons à domicile, mais aussi des catalogues regorgeant de produits attractifs, des affiches et de nouveaux objets publicitaires tels que l’éventail, les cartes postales en pleine vogue…
Acte III : heureuses que leurs enfants ne soient pas oubliés, elles peuvent revenir dans leur lieu de prédilection, déambuler tranquillement et vaquer à leurs emplettes, pendant que leurs bambins découvrent leur espace de jeux et jouets. Eh oui, l’enfant devient une nouvelle cible commerciale, après la mère de famille devenue désormais la Parisienne chic et élégante.