Vague
Hirondelle

L’ÉCUME DES ÉMOTIONS 

Jouer avec les mots, inventer des expressions, les faire swinguer… Pianocktail, le Bedon, le Chuiche, Jean Sol Partre, Voyager sur un nuage rose… Ces clins d’oeil sémantiques gambadent, virevoltent, sautent comme des entrechats dans les contes des temps modernes de Boris Vian…Sous sa plume, les mots prennent vie et donnent la vie en jouant un vrai rôle dans l’histoire.

Après une soirée mémorable dans son appartement resté dans le jus du début des années 60 cité Véron, jouxtant le Moulin Rouge, je voudrais rendre hommage à un artiste d’exception qui a eu l’art et la manière de porter un regard farceur sur la vie, de raconter des histoires satiriques et burlesques toujours empreintes de tendresse.

À la fois trompettiste, écrivain, poète, parolier, dramaturge, scénariste, chanteur mais aussi scientifique de haut vol, ses différentes palettes créatives sont à chaque fois un prétexte pour tricoter les mots, exprimer ses humeurs et dévoiler son humour un tantinet rabelaisien, son sens de la dérision et de la parodie, son regard poétique voisinant avec le dadaïsme, son imaginaire farfelu à la Lewis Caroll parfois ubuesque, tantôt féérique ou encore inspiré de l’univers improbable de la science-fiction… sans oublier sa passion pour la musique de jazz qui ponctue en contrepoint sa trame narrative et autres facéties. Ses mots sont aussi là pour exprimer ses idées, ses chansons sont de vraies « petites bombes d’un feuillet » proférait-il.

Avec lui,  les émotions sont à l’acmé et font décidément battre la chamade, alors qu’il se savait malade du coeur : la tristesse, la tragédie, la mort cohabitent avec le rêve, le rire, la tendresse, la mélancolie, les blagues … Avec délectation dans les caves St Germain ou sur les hauteurs du Moulin Rouge, il multiplie les expériences irrévérencieuses. « Il était un amoureux du jazz, ne vivait que pour le jazz, n’entendait, ne s’exprimait qu’en jazz » disait Henri Salvador. Ses comparses et amis musiciens Henri Salvador, Michel Legrand ont interprété avec brio son appétit pour la vie, à travers notamment ces incroyables onomatopées rythmiques, appelées scat.

Oui, Boris Vian, talent touche-à-tout un brun provocateur, pas toujours apprécié et compris à son époque, témoigne d’une liberté de ton avant-gardiste qui n’a pas pris une ride et révèle un sens artistique inépuisable de créativité, de drôlerie poétique inspirante, en ces temps troublés.

Alors, un peu de Vian pour rêver et booster votre fin d’année  ?

Article rédigé par Anne-Sophie Tournier, fondatrice de L’HIRONDELLE
Et merci à Nathalie Vigne (inthemoodforbooks.com) et Guillame Huret (rejoice-paris.com) pour l’invitation à cette merveilleuse soirée littéraire et musicale en compagnie de Nicole Bertolt, représentante de la cohérie Boris Vian, dans l’appartement de Boris Vian, cité Véron.

 

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